Depuis cinq jours je vis dans ma chrysalide,
Les bruits sont atténués, la lumière philtre à peine,
C'est le moment, je m'étire, je déchire ma chitine,
Quelques contorsions et me voilà, encore chenille,
Avec des moignons d'ailes au dos.

Le jour et sa chaleur agissent, me sèchent, me chauffent.
Mes ailes se détendent, se défrippent, se déploient.
Je suisprête à m'envoler... Je rassemble mes forces,
La route sera longue, elle l'est toujours...
Mais c'est une nouvelle semaine, qui sait?

Je connais le chemin par coeur, je le fais depuis si longtemps.
De plus en plus lentement, mes forces s'amoindrissent,
bientôt ce sera l'automne, et ses brouillards, et sa froidure.
Il faut que je trouve la clé avant, il faut que je trouve le vrai feu
Avant l'hiver qui me fera rentrer sous terre.

J'arrive, il est là. Je vois ses lumières, trouverai-je la bonne ce soir?
Il y en a une nouvelle,elle est plus forte que les autres,
je me dirige vers elle, à tire d'ailes, pleine d'espoir.
Il mesemble sentir sa chaleur, elle est vive, elle lance quelques flammes
Au travers du globe. Le globe! il est encore là!

Je me heurte à sa paroi de verre, froid, glacial, alors que le feu brûle.
Je ne peux qu'en imaginer sa chaleur. J'essaye de nouveau,
David contre Goliath, et je fonce vers le coeur du brasier, en vain.
Je viens de laisser une partie de mon aile dans ce combat,
Qu'importe, je vole encore, tant que je volerai, j'essaierai.

Ce combat dura toute la nuit, et la journée suivante,
Comme à chaque fois. Et je dus l'abandonner,
Faute d'ailes pour voler jusqu'à lui.
Je suis de nouveau chenille, nue et fragile,
Frigorifiée. Je reconstruis ma chrysalide.

Il me faudra cinq jours à nouveau pour reprendre des forces,
Cinq jours pour lécher mes plaies, cinq jours
Pour reconstruire mes ailes. Dans mon nid de solitude,
Dans ma nuit au milieu du brouillard.
Mais je reviendrai, dans cinq jours chercher la lumière.

La lumière qui brille éternellement, celle qui chauffe,
Celle qui n'a pas de globe protecteur,
Celle qui me brûlera les ailes au lieu de les déchirer,
Celle qui me rendra nue sans avoir froid,
Celle qui m'ouvrira la porte de l'éden.